Morihiro Saitō — Le gardien de l’enseignement d’Iwama

Né le 31 mars 1928 dans la préfecture d’Ibaraki, au Japon, Morihiro Saitō grandit dans un milieu rural simple, marqué par la rigueur du travail et le respect des traditions. Très jeune, il s’intéresse aux arts martiaux — kendō, jūdō, karaté — cherchant à comprendre la voie qui relie la discipline du corps et la paix de l’esprit.

En 1946, à l’âge de dix-huit ans, il entend parler d’un maître retiré dans le village voisin d’Iwama : Morihei Ueshiba, le fondateur de l’aïkido. Poussé par la curiosité et la sincérité de sa quête, Saitō franchit les portes du dojo d’Ueshiba. Cette rencontre bouleversera le cours de sa vie. Il deviendra l’un de ses disciples les plus proches, partageant plus de vingt années d’entraînement et de vie quotidienne auprès du fondateur.

Employé des chemins de fer japonais, Saitō menait une existence austère et rythmée : travail de nuit, puis entraînement dès l’aube aux côtés du maître. Il participa à la vie du dojo et aux travaux agricoles, suivant le même rythme que son Sensei — prières, culture de la terre, méditation et pratique martiale. C’est dans ce cadre qu’il développa une compréhension profonde de la relation entre les techniques à mains nues (taijutsu) et celles avec armes (bukiwaza), qu’il s’attacha à préserver fidèlement.

Après la disparition de Morihei Ueshiba en 1969, Morihiro Saitō continua à enseigner à Iwama, devenu le gardien du sanctuaire de l’Aïkido. Il consacra sa vie à transmettre l’enseignement du fondateur sans le déformer, insistant sur la précision des bases et sur l’unité entre le sabre, le bâton et le mouvement du corps. Son approche, connue sous le nom d’Aïkido d’Iwama, demeure l’une des expressions les plus fidèles de l’art originel.

Respecté à travers le monde, Saitō Sensei forma des générations de pratiquants japonais et étrangers. Ses ouvrages — Traditional Aikido et Takemusu Aikido — sont aujourd’hui des références pour ceux qui cherchent à comprendre la structure et l’esprit de la pratique.

Morihiro Saitō s’est éteint le 13 mai 2002, dans son village d’Iwama.
Son héritage perdure à travers ses élèves et son fils Hitohiro Saitō, qui poursuivent la voie tracée par leur maître.
Sa vie fut celle d’un homme de devoir, de fidélité et de transmission — un symbole d’humilité et de dévotion à la Voie, au service du message universel de l’Aïkido.